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 Pandémie de Covid-19 en Corée du Sud


La pandémie de Covid-19 en Corée du Sud est liée à la pandémie de Covid-19 venue de Chine à partir de décembre 2019. Les premiers cas confirmés viennent de personnalités s'étant rendues à Wuhan, épicentre de la contamination. La propagation prend de l'importance lors du diagnostic positif de la « patiente 31 », considérée comme un cas de superinfection, le 18 février 2020 après avoir côtoyé plus d'un millier de personnes au sein de son organisation religieuse, l'église Shincheonji de Jésus : elle avait en effet participé à des rassemblements que cette église organisait.


La gestion de la pandémie en Corée du Sud est citée comme un modèle de lutte efficace pour répondre à une pandémie avec le cas de Taïwan, de Singapour et de Hong Kong. La stratégie du gouvernement du président sud-coréen Moon Jae-in consiste en une communication transparente par la technologie, la responsabilisation de la population, un dépistage massif de 20 000 tests par jour et un traçage complet du parcours et des contacts de chaque personne positive afin de repérer rapidement les foyers de contamination. Sans mettre en place de confinement, ces mesures permettent l'aplatissement rapide de la courbe de contamination à partir du début du mois de mars autour de 8 000 puis 9 000 cas, bien en dessous des dizaines de milliers de l'Italie, de l'Iran, de l'Espagne, de la France et des États-Unis. Le nombre de morts est très inférieur également. Plusieurs pays comme l'Allemagne ont adopté une politique semblable à celle menée en Corée du Sud.


Les méthodes de traçage des personnes positives suscitent des interrogations sur le respect de la vie privée, notamment dans les pays occidentaux. Toutefois, la stratégie soulève très peu d'objections en Corée du Sud où la population mesure l'urgence de la situation. Le traçage est très encadré par la loi sud-coréenne. Les données sont stockées sur des serveurs extérieurs à l'État et doivent être détruites à la fin de la crise.

La contamination entraîne l'annulation ou le report d'événements tels que la rentrée scolaire, les événements sportifs et culturels, ainsi que des exercices militaires. La banque de Corée baisse sa prévision de croissance économique.

Au 11 mars, le nombre de sujets recensés positifs à la maladie dans le pays s'élève à 7 869, parmi lesquels 60 morts et 333 rétablis, ce qui représente un taux de létalité de 0,76 % nettement inférieur aux 3,4 % annoncés par l'OMS.

En mai 2020, alors que la Corée du Sud pratique un assouplissement des règles de distanciation sociale et ne recense plus aucun cas de contamination locale depuis plusieurs jours, un nouveau foyer de contamination apparaît dans le quartier d'Itaewon à Séoul ce qui entraîne une remontée des nouveaux cas à deux chiffres par jour. En juin, le gouvernement coréen annonce que le pays connaît une deuxième vague, bien que le nombre de contaminations journalier reste à deux chiffres.



Maladie Maladie à coronavirus 2019 (Covid-19)

Agent infectieux SARS-CoV-2

Origine Wuhan (Hubei, Chine)

Localisation Corée du Sud

Coordonnées 36° N, 128° E

Premier cas Aéroport international d'Incheon

Date d'arrivée Depuis le 20 janvier 2020 (8 mois et 11 jours)

Site web ncov.mohw.go.kr/en


Plusieurs cas de pneumonie sont rapportés lors de la fin du mois de décembre 2019 dans la ville de Wuhan du Hubei en Chine. L'origine de la pneumonie est identifiée comme venant d'un nouveau coronavirus. Le caractère hautement contagieux du virus est rapidement établi par les scientifiques et le risque d'une épidémie avec une potentielle pandémie interpelle. Les nouvelles attirent l'attention du gouvernement chinois qui sonne l'alerte, non sans être critiqué pour sa gestion de crise1. Lorsque la Chine sonne l'alerte, au début du mois de janvier, la Corée du Sud se prépare rapidement à une entrée du virus sur son territoire.

La Corée du Sud a connu les expériences du SRAS en 2003 et du MERS en 2015. Cette dernière épidémie avait entraîné un scandale politique. Un homme d'affaires sud-coréen s'étant rendu à Bahreïn, aux Émirats arabes unis et en Arabie saoudite avait attrapé la maladie2. Il avait fallu des transferts dans trois hôpitaux différents et neuf jours pour établir le diagnostic correct. L'épidémie avait eu le temps de se transmettre à 186 personnes dont 38 sont mortes de la maladie2. Le gouvernement de la présidente Park Geun-hye d'alors avait été vivement critiqué pour son opacité. En conséquence, la Corée du Sud a revu ses méthodes de lutte contre les maladies et développé des mesures afin de pouvoir répondre à une pandémie.


Origine et débuts (20 janvier - 17 février 2020)

Le premier cas détecté de maladie à coronavirus en Corée du Sud est annoncé le 20 janvier 2020 : il s'agit d'une femme chinoise de 35 ans à Incheon revenant d'un voyage à Wuhan, épicentre de l'épidémie de maladie à coronavirus en Chine. Le 24 janvier, la Corée du Sud annonce son deuxième cas : un sud-coréen de 55 ans à Séoul qui a également voyagé à Wuhan. Ces deux personnes sont guéries et libérées début février. Trois autres cas sont diagnostiqués dans les jours qui suivent, tous en lien avec Wuhan et la Chine.

Le 30 janvier, le diagnostic d'un sud-coréen de 56 ans représente le premier cas sans lien avec Wuhan ou la Chine. Il s'était rendu dans un restaurant en compagnie du troisième patient.

Malgré les consignes gouvernementales de prévention, des groupes religieux poursuivent les rassemblements comme l'Église de l'Unification qui organise le mariage de plus de 6 000 couples venus de 64 pays en présence de 30 000 spectateurs6. Bien que des masques soient distribués, les tenues des personnes et la tenue de l'événement lui-même sont considérées comme contraires aux consignes de prévention6. Le gouvernement appelle les organisations religieuses à s'associer à la prévention.

Au 17 février, on dénombre trente cas en Corée du Sud, dont douze guéris7. Une majorité d'entre eux ont voyagé à Wuhan et les autres entretiennent des liens familiaux ou amicaux avec les personnes infectées. L'épidémie est alors plutôt maîtrisée.


Shincheonji et emballement (18 février - 8 mars 2020)

Article connexe : Église Shincheonji de Jésus#Pandémie de coronavirus en 2020.

Le 18 février, une membre de l'église Shincheonji de Jésus est diagnostiquée alors qu'elle présentait de la fièvre depuis le 10 février. Elle constitue la 31e personne infectée, d'où son nom de « Patiente 31 ». Dans les deux dernières semaines, elle avait côtoyé 1 160 personnes lors de deux services religieux de Shincheonji, un diner dans un hôtel et des aller-retours entre l'hôpital et son domicile. Son cas est suivi par une augmentation rapide des cas confirmés de maladie à coronavirus en Corée du Sud. Vingt nouveaux cas sont signalés le lendemain9, puis cinquante-trois le surlendemain. La Corée du Sud devient le plus grand foyer de propagation en dehors de Chine et du paquebot Diamond Princess au Japon le 23 février, atteignant un total de 602 cas détectés. Elle devient officiellement le plus grand foyer de contamination en dehors de Chine le 24 février avec 833 cas confirmés. L'augmentation du nombre de cas confirmés s'accompagne d'un intérêt accru pour la gestion de l'épidémie en Corée du Sud de la part des observateurs étrangers qui estiment que l'augmentation des chiffres démontre les capacités de la Corée du Sud à dépister le virus de façon rapide.

Diminution du nombre de nouveaux cas (9 mars - 23 mars 2020)

Le lundi 9 mars 2020, la Corée du Sud annonce son plus faible nombre de nouveaux cas depuis les deux dernières semaines, ce chiffre étant en recul depuis les quatre derniers jours. Cette annonce survient alors que la Corée du Sud vient d'être dépassée par l'Italie en tant que foyer de contamination le plus important en dehors de Chine. Néanmoins, le ministre sud-coréen de la santé Park Neung-hoo estime qu'il est trop tôt pour parler d'une « amélioration ».

Si la diminution du nombre de nouveaux cas qui coïncide avec la fin des tests sur les membres de Shincheonji suscite de l'espoir, la découverte d'un nouveau foyer de propagation dans un gratte-ciel le 9 mars à Séoul dans le quartier de Shindorim-dong laisse craindre un nouveau décollage de la contamination. Selon les médias sud-coréens, une partie des 207 employés d'un service client d'une compagnie d'assurance à l'intérieur de l'immeuble n'aurait pas respecté la consigne de garder son masque, y compris pour répondre au téléphone18. La fin du ralentissement du nombre de nouveaux cas se confirme temporairement le lendemain avec 242 nouveau cas le matin du 11 mars contre la veille19. Néanmoins, les nouvelles s'améliorent. Le 13 mars, le nombre de rétablis l'emporte sur le nombre de nouveaux cas pour la première fois, ce que les médias coréens désignent par les termes de « croix dorée ». Du 14 au 17 mars, le nombre de nouveaux cas descend en dessous de cent pendant quatre jours consécutifs. Le 23 mars, le KCDC annonce 62 nouvelles infections, soit le plus faible total en Corée du Sud depuis un mois.

En parallèle à ces diminutions, la population coréenne commence à reprendre l'habitude de se réunir et porte moins le masque. Le gouvernement sud-coréen exhorte sa population à continuer de respecter les règles, rappelant que le combat est loin d'être terminé25.

Cas importés et diminution poursuivie (24 mars - 7 avril 2020)

Des cas importés de l'étranger commencent à s'observer à partir de la fin du mois de mars, ce qui soulève la question d'un durcissement des mesures de prévention pour les voyageurs venant des États-Unis comme celles déjà en vigueur pour l'Europe. Le 25 mars, la Corée du Sud annonce que les voyageurs en provenance des États-Unis doivent passer deux semaines de confinement comme plusieurs pays européens. Le 28 mars, la Corée du Sud atteint un taux de guérison supérieur à 50 % par rapport au nombre total de cas détectés. En revanche, l'augmentation du taux de décès à 1,52 % suscite la prudence, de même que celui des plus de 80 ans monté à 16,2 %. Ces chiffres restent néanmoins nettement inférieurs à ceux d'une majorité d'autres pays foyers de contamination.

Le gouvernement coréen resserre les mesures de quarantaine pour les personnes arrivant de l'étranger à partir du 1er avril 2020 après plusieurs cas de non-respect des consignes d'isolement.

Assouplissement des mesures de distanciation sociale (8 avril - 5 mai 2020)

Du 13 au 17 avril, les nouvelles infections restent en dessous de 30 pendant cinq jours consécutifs. Toutefois, des cas de des patients considérés guéris testés à nouveau positifs soulèvent de nombreuses questions au niveau national et international. Ces nouvelles mettent en doute l'idée d'une sortie de crise par l'immunité collective31. La Corée du Sud annonce que 51 cas concernant des personnes considérées guéries sont testés positifs le 12 avril. L'hypothèse privilégiée est une réactivation du virus plutôt qu'une deuxième infection jugée improbable à cause des anticorps développés par le patient. L'hypothèse d'une défaillance du système de test et de « faux négatifs » est également considérée. Au 17 avril, le nombre de guéris testés positifs augmente à 163. Une explication est trouvée au début du mois de mai à ces cas re-testés positifs. Les résultats ne seraient dû ni à une réactivation, ni à une réinfection, mais à la présence de « cellules mortes » formées dans les poumons et expulsées vers le nez ce qui aurait entraîné des faux-positifs à cause du prélèvement dans le nez lors du test.

Le 15 avril, les élections législatives se tiennent sous haute surveillance et enregistrent une participation historiquement élevée de 66,2 %. Deux semaines plus tard, aucune augmentation liée à leur déroulement n'est observée. À la fin du mois d'avril, la Corée du Sud enregistre moins de quinze infections quotidiennes à partir du 17 avril. Au 1er mai, le pays rapporte moins de dix cas pendant au moins trois jours consécutifs. Le 30 avril marque la première fois qu'aucun cas de transmission locale est enregistré en 72 jours.

En raison de l'infléchissement de la courbe, le gouvernement prévoit de mettre fin aux mesures de distanciation sociale. Le 6 mai, la Corée du Sud passe au régime de « quarantaine dans la vie quotidienne ». Les événements et rassemblements sont de nouveau autorisés sous réserve de respecter les gestes barrières. La réouverture des écoles est prévue à partir du 20 mai. Le gouvernement appelle néanmoins à maintenir la vigilance.

« Deuxième vague » (6 mai - 10 août 2020)

Alors que le pays semble en voie de reprendre une vie normale, la détection d'un nouveau cas positif le 6 mai met les autorités en alerte. Un homme de 29 ans est diagnostiqué positif alors qu'il s'était rendu dans des bars et des discothèques très fréquentées du quartier d'Itaewon à Séoul. Le nombre de contacts qui a pu être infecté est estimé d'environ 2 000 personnes. Douze cas en lien avec ce foyer sont confirmés le 7 mai, puis dix-huit le lendemain43. Le traçage de ce foyer s'avère difficile, plusieurs de ces bars et discothèques étant fréquentés par des LGBT dont de nombreux droits ne sont pas reconnus en Corée du Sud. La nouvelle de ce foyer suscite des réactions homophobes sur les réseaux sociaux. En réaction, le Premier ministre Chung Sye-kyun encourage l'ensemble des personnes concernées à se soumettre à un test en promettant une « confidentialité absolue ». Les boîtes de nuit de Séoul sont ainsi fermées jusqu'à nouvel ordre.

L'émergence persistante de foyers d'infection, en majorité dans la région de Séoul, mène à une déclaration de la directrice des KCDC, Jeong Eun-kyeong en juin 2020. Le nombre d'infections journalier oscille entre 35 et 50. L'OMS exprime son scepticisme sur la déclaration de deuxième vague, évoquant la stabilité du nombre d'infections.

En juillet 2020, la ville de Gwangju émerge brièvement comme nouveau foyer d'infection48. Le nombre de cas importés connaît une augmentation importante en raison d'infections dans les navires russes à Busan et de rapatriements de Sud-Coréens depuis l'étranger. 90 travailleurs sud-coréens en Irak parmi 300 rapatriés en Corée du Sud présentent des symptômes, ce qui entraîne un bond supérieur à cent cas enregistrés.

Le 3 août, le nombre d'infections locales diminue à trois, soit le plus bas niveau depuis trois mois.

Résurgence dans les milieux évangéliques (depuis le 11 août 2020)

Le pays connait début août une brusque résurgence des contaminations, particulièrement dans les milieux évangéliques. Le ministère de la Santé reconnait que la situation est « grave » et déclare craindre « une propagation des infections dans tout le pays ». Les militaires se voient interdire de quitter leurs bases. Les autorités sanitaires et la municipalité de Séoul déposent plainte contre le dirigeant de l'Église évangélique Sarang Jeil, le pasteur Jeon Kwang-hoon, l'accusant de ne pas avoir respecté un ordre de quarantaine et d'avoir freiné le traçage des contacts des personnes contaminées.



Contrôles aux frontières

Malgré des pressions dans l'opinion publique, la Corée du Sud n'applique aucune interdiction d'entrée sur son territoire pendant la pandémie ce qui en fait l'un des rares pays dans ce cas à être parvenus à contenir la propagation du virus. En revanche, elle impose des contrôles stricts aux frontières qui sont d'abord appliqués à des catégories ciblées de passagers avant d'être généralisés à tous les voyageurs entrant sur le territoire.

Dès la mise en évidence d'une contagion à Wuhan, le gouvernement sud-coréen impose des contrôles aux frontières le 3 janvier.

Le système de contrôle aux frontières strict est renforcé à partir du 19 mars. Le contrôle de température devient obligatoire pour tous les passagers le 19 mars, puis les voyageurs en provenance d'Europe sont soumis à un dépistage systématique à partir du 22 mars. Le dépistage est étendu aux voyageurs en provenance des États-Unis le 25 mars. À partir du 1er avril, tous les entrants se soumettent à une quarantaine obligatoire de deux semaines.

À partir du 13 juillet, selon un haut responsable du ministère de la Santé et des Affaires sociales, tous les voyageurs en provenance de pays dits « à haut risque » devront présenter un certificat dans les 48 heures pour prouver qu'ils ont été testés négatifs face au nombre important de cas importés.


Dépistage massif et traçage numérique

Contrairement à la Chine, à l'Italie ou à l'Espagne, la Corée du Sud ne met pas en place de quarantaine ni de confinement mais mise sur un dépistage de masse, une communication transparente et sur la responsabilisation de la population. Le pays organise un maillage de 633 sites de test et de plus d'une centaine de laboratoires de dépistage. Les déplacements de chaque personne infectée sont retracés afin d'identifier les personnes s'étant retrouvées en contact avec le malade. Cette recherche est effectuée au moyen des images de caméras de surveillance, de l'utilisation de la carte bancaire et du bornage des téléphones portables. Un SMS est envoyé aux personnes s'étant trouvées à proximité lorsqu'un nouveau cas est détecté et les proches de la personne infectée se voient proposer un test de dépistage. La Corée du Sud a mis en place une organisation capable de réaliser plus de 60 000 tests de dépistages par jour. En date du 15 mars, le nombre de dépistés total s'élève à plus de 250 000.

Quatre entreprises habilitées à la fabrication produisent les kits de dépistage au rythme de 140 000 par semaine64. Les kits sont distribués à un réseau de 500 cliniques dont 40 sont ambulantes. Près d'une centaine de laboratoires privés et publics analysent les échantillons environ cinq à six heures après le prélèvement.

Le 26 février, une nouvelle méthode de dépistage est mise en place : le drive-in, inspirée d'un drive-in de fast-food65. Cette méthode consiste à faire passer les conducteurs à travers différents bureaux66 et réaliser un test de dépistage de moins d'une dizaine de minutes directement dans la voiture en évitant le contact ; les agents de santé qui procèdent au test sont vêtus de combinaisons protectrices contre les matières dangereuses. La procédure originelle dans un centre de santé prend une heure en comparaison. Du fait de la diminution des contacts avec les autres personnes et de sa rapidité, la nouvelle méthode est considérée plus sûre, notamment pour les médecins qui sont moins exposés au coronavirus, et plus efficace.

Vers la mi-mars, la Corée du Sud développe des cabines de dépistage permettant au personnel soignant de réaliser un dépistage en limitant les contacts au moyen d'une vitre plastifiée et d'un interphone. Cette nouvelle méthode de dépistage dure en moyenne sept minutes.


Admission, isolement et auto-confinement

Lorsqu'un cas positif est détecté, un traitement différent peut être appliqué68. Les cas graves ou présentant des symptômes importants sont admis à l'hôpital. Les autres sont isolés et placés en quarantaine pendant quatorze jours dans une chambre d'hôtel ainsi que les personnes qui se sont retrouvées en contact. Le gouvernement livre aux personnes isolées un kit de quarantaine qui contient dix masques de protection, du gel désinfectant, des sac poubelles spéciaux, un thermomètre, des nouilles, des soupes, du shampoing et des conserves de thon68. Les personnes ne respectant pas les consignes d'isolement risquent des amendes très importantes de plusieurs milliers d'euros, voire l'expulsion dans le cas de personnes étrangères.

Dans les hôpitaux, les personnes présentant des symptômes sont placées sous surveillance vidéo constante du personnel médical placé dans une salle à l'écart.


Distribution de masques

Production de masques à Busan le 5 mars.

Le gouvernement ne met en place aucune mesure de confinement ou de quarantaine à grande échelle au contraire de l'Italie ou de la France et se contente d'inviter la population à pratiquer la distanciation sociale, à porter le masque et à limiter ses déplacements en annulant les événements sportifs et en reportant la rentrée scolaire. Le port de masques se généralise rapidement, entraînant d'impressionnantes queues de centaines de personnes devant les supermarchés. En réaction à ces images, le gouvernement apporte un soutien à la production de masques et met en place un rationnement de deux masques KF94 par semaine. L'accès à la pharmacie est organisé en fonction du dernier chiffre de l'année de naissance : les personnes nées une année se terminant par un 1 ou un 6 ont accès à la pharmacie le lundi ; celles nées une années se terminant par un 2 ou un 7 ont accès à la pharmacie le mardi et ainsi de suite76. Au début de la crise, les masques étaient disponibles en montant dans les bus. À partir du 27 avril, le rationnement est augmenté à trois masques par semaine dans les pharmacies.


Désinfection

Désinfection de la voiture du maire de Pusan le 13 février 2020.

Une campagne de désinfection intense est menée dans les jours qui suivent les premières détections et cette campagne se renforce lorsque le nombre de cas confirmés augmente sous l'effet des rassemblements de l'Église Shincheonji de Jésus. La propreté des zones à haut risque est améliorée. Les autobus, chemins de fer, taxis, métro et autres installations publiques sont constamment désinfectés. À chaque nouveau cas de résultat positif au test de dépistage, tous les lieux visités par la personne sont décontaminés.

Des bouteilles de gel hydroalcoolique pour se désinfecter les mains sont installées partout en Corée du Sud : à l'entrée des bâtiments publics, des bus, des magasins, dans la rue, dans les marchés et dans les ascenseurs des immeubles.


Économie

La contagion a des conséquences sur la croissance économique en Corée du Sud. Dès le début de l'épidémie, la Banque de Corée prévoit une baisse de 0,2 points sur l'année 2020 à 2,1 % puis baisse le taux d'intérêt de 1,25 % à 0,75 %, un niveau historiquement bas.

Néanmoins, l'économie continue de fonctionner d'après le professeur de finances coréen Ahn Jung-hyun. C'est davantage la paralysie par le virus des chaînes d'approvisionnement mondiales et la demande des consommateurs qui inquiètent le ministère de l'Économie et des Finances.

Le gouvernement sud-coréen désigne quatre secteurs de l'industrie durement touchés par la crise et propose une aide financière et un plan de soutien. Parmi les secteurs les plus touchés se trouvent le tourisme et l'industrie cinématographique. L'Association internationale du transport aérien demande au gouvernement un plan de sauvetage et de soutien aux compagnies aériennes sud-coréennes « en danger grave et immédiat d'insolvabilité ». Le gouvernement reporte le paiement des cotisations sociales et des impôts, ainsi celui de l'échéance de prêts et garanties. Au 10 avril, le plan d'aide du gouvernement s'élève à 150 000 milliards de wons, soit 124 milliards de dollars. L'engagement sud-coréen est d'augmenter volume de l'aide de 240 000 milliards de wons pour les entreprises touchées par la pandémie. Les personnes qui reçoivent cette aide auront des obligations d'aider les autres dans le besoin tandis que celles qui choisissent de ne pas recevoir l'aide bénéficieront de déductions fiscales.

En raison de la baisse de la demande, plusieurs chaebols sud-coréens suspendent leur chaîne de production afin d'optimiser la gestion des stocks. C'est le cas entre autres de Hyundai Motor, de LG Electronics. Ces mesures s'ajoutent aux impacts de la baise mondiale liée aux effets de la pandémie à l'étranger. Entre janvier et mars 2020, les ventes de Hyundai ont connu une chute de 11 % (904 746 unités) par rapport à la même période en 2019 (1 021 391 unités).

Face à l'écroulement de la demande mondiale liée à la pandémie, la Corée du Sud doit faire face en plus aux conséquences de la guerre commerciale sino-américaine, ainsi qu'à la guerre commerciale avec le Japon. À la différence de la Chine, la Corée prévoit d'engager une relance verte et des plans de financement pour les énergies renouvelables.


Analyses

Selon La Croix, BFM TV et Science et Avenir, la gestion de la lutte contre le coronavirus en Corée du Sud peut être considérée comme un modèle. La réaction rapide du gouvernement qui a lancé une campagne de dépistage massive a contribué à réduire la propagation du virus. La forte culture de la transparence en Corée du Sud et le dépistage massif jusqu'à 25 000 tests par jour expliquent l'importance du nombre de cas confirmés ainsi qu'une faible létalité de 0,76 %. Le respect des consignes du gouvernement par une population respectueuse a contribué de façon importante à contenir la propagation et a permis de réduire le nombre de cas. Pour The Washington Post, la Corée du Sud prouve qu'une démocratie peut gérer efficacement la lutte contre le coronavirus. Selon BFM TV, la politique de dépistage et de traçage présente néanmoins l'inconvénient de concentrer l'attention sur certaines zones précises, réduisant la visibilité d'autres foyers potentiellement naissants.

La Corée du Sud est l'un des seuls pays à être parvenu à contenir la pandémie sans mesure de confinement ni fermeture des frontières, bien que le nombre de cas soit élevé. Plusieurs aspects de la réponse sud-coréenne ressemblent aux approches taïwanaise et singapourienne, également considérées comme des exemples : anticipation de la crise, réaction rapide du gouvernement, recours à des procédures mises au point à la suite de l'épidémie de MERS en 2015. En revanche, la Corée du Sud se distingue de ces cas par la lutte contre l'important foyer de Daegu lié aux activités de l'église Shincheonji de Jésus qui a accéléré la décision du gouvernement à recourir à un dépistage massif. Pour Le Monde, la lutte contre ce foyer met en lumière le fonctionnement opaque de nombreuses sectes religieuses en Corée du Sud qui revendiquent des centaines de milliers de fidèles et les problèmes que leur existence pose au fonctionnement de la démocratie.



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